Comme tous les ans, Anesthetize vous propose son Top, en dehors des groupes que nous publions bien sûr. Voici le Top 2020 de Guillaume. Bonne lecture et bonne écoute.
Oranssi Pazuzu – Mestarin Kynsi
Poisseux, malsain, violent et en même temps très onirique, le nouvel album des finlandais Oranssi Pazuzu confirme les précédents opus et s’inscrit parfaitement dans le genre Black Metal Electro-Psychédelique que le groupe défend. Il n’est pas aisé d’entrer dans l’album, tellement il est opaque, mais une fois qu’on a compris ses mécanismes, on est comme aspiré par cette spirale glauque et envoûtante.
Ulver – Flowers of Evil
Après Assassination of Julius Caesar, sorti en 2017, Ulver se renouvelle encore et propose une musique beaucoup plus accessible, pop par moment, mais synth-80 dans l’ensemble. Bien qu’au départ très musical et mélodieux, l’album se révèle bien plus profond et mélancolique qu’il ne laissait paraître. Moins prenant que le précédent, mais également plus entraînant, invitant à une sorte de danse macabre des temps post-modernes.
Puscifer – Existential Reckoning
Après Tool en 2019, Maynard James Keenan nous offre un nouvel album, cette fois-ci avec son projet Puscifer, qui semble actuellement lui correspondre le plus puisqu’il peut y déployer toute sa gamme vocale. L’album est plus mature que les précédents, tout en étant plus enjoué et cynique. La guitare laisse davantage de place à des lead de synthés qui dépeignent un monde en passe de s’auto détruire. Visiblement inspiré par la Covid-19, l’album est de fait très actuel.
Crippled Black Phoenix – Ellengæst
Officiant depuis 2007 et pourtant inconnu au (à mon) bataillon avant ce jour, CBP propose un album qui mélange post-rock / doom / cold wave (dont fait référence la reprise de Bauhaus). On peut entendre David Cavanagh d’Anathema sur quelques morceaux (dont le sublime Lost) qui délivre comme à son habitude une interprétation habitée. C’est la bonne surprise de cette année, et une excellente découverte, qui, tout comme le Puscifer, se réfère à notre actualité pleine de doutes.
Archive – Versions
Il ne s’agit pas d’un album à proprement parler mais de réinterprétations d’anciens morceaux. Mais comme tout bon album de reprise, Archive a complètement changé les morceaux d’origines pour proposer des interprétations moins orientées électro et plus posées et voluptueuses. Certains morceaux rappellent les effusions floydiennes des années 70 et 80 (Again) et glissent avec douceur dans nos oreilles attentives. Dans l’attente d’un nouvel album, ce Versions offre tout de même de belles envolées atmosphériques, dans la lignée d’un Hindsight d’Anathema.
The Pineapple Thief – Versions of the Truth
Omniprésent depuis que le groupe ait intégré Gavin Harrison (4 albums en 4 ans sans compter les albums solos des uns et des autres), TPT propose un album tout en finesse, plus rock que le précédent, mais également plus travaillé, plus nuancé. Il ne s’agit plus de musique prog à proprement parler, mais le travail de composition – et notamment à la batterie – est excellent. On s’attend malgré tout à un renouvellement pour les albums suivants, dans la mesure où depuis The Wilderness le groupe a tendance à répéter sa (très bonne) narration.
Katatonia – City Burials
Suite à une pause de quelques années, Katatonia est de retour sur le devant de la scène avec un album qui mélange son Rock Atmo habituel avec des éléments plus electro-pop. Bien plus épuré que le reste de la discographie, la musique fait la part belle au chant de Jonas Renske qui démontre à nouveau sa belle progression harmonique. L’album est bien moins percutant que les derniers, mais propose de nouvelles ambiances que l’on accueille volontiers. D’autant plus que toute l’iconographie qui entoure cet album a été judicieusement travaillée de sorte qu’on ait cet envie irrémédiable de s’y replonger.
… and Oceans – Cosmic World Mother
Là encore, c’est l’artwork qui a tout de suite attiré mon oeil. … and Oceans demeure pour moi le groupe le plus intéressant intégrant un Ocean à son nom (Oceans of Slumber, The Ocean… Bon, je ne compte pas Oceansize qui est à part). Evoluant entre un doom proche d’Arcturus et du black sympho, post-black/post-Hardcore avec quelques éléments électro, … and Oceans va trifouiller dans les tréfonds de notre âme. Il y a comme un élan vital dans cette progression qui nous tient en haleine et qui pourtant regorge de nuances.
Lunatic Soul – Through Shaded Woods
Peut être l’album le plus conventionnel de cette liste dans la mesure où Lunatic Soul applique la même recette que sur les précédents albums, avec peut être davantage de guitare acoustique. Mais cette recette fonctionne et produit de superbes morceaux proche d’un Green Carnation (Acoustic Verses) ou d’autres groupes de dark folk (October Falls, Empyrium), avec une touche de prog. Il me tarde d’écouter les deux autres albums publiés par Mariusz Duda cette année.
My Dying Bride – The Ghost of Orion
Les albums de My Dying Bride se suivent et se succèdent et j’avais un peu lâche l’affaire, d’autant que le groupe ne sortait plus de morceau avec Wine ou Silence dans le titre. Je me suis laissé tenté par ce dernier et que ma surprise fût bonne. On retrouve les ambiances plus médiévales avec ces guitares leads toujours très mélodieuses dans une ambiance doom qui n’a finalement pas pris une ride et la voix d’Aaron Stainthrope n’a jamais sonné aussi bien. Bref, c’est une réussite.
Et bien que je n’en parle pas, soit parce que je n’ai pas suffisamment écouté les disques, soit parce que j’ai trouvé les albums en-dessous de ceux précités, je n’oublie pas le nouveau Deluge, l’EP de Massive Attack, la réédition du premier album de Empyrium, la dernière pépite de Tim Bowness, l’excellent Apparat, Les B-Sides de Steven Wilson, le très bon Paradise Lost, le violent Svart Crown, les rééditions live de Pink Floyd, le live de Roger Waters, le nouvel album de Pure Reason Revolution après tant d’années d’attente, et plein d’autres. Malgré la COVID, cette année était tout de même un cru exceptionnel en ce qui concerne la musique enregistrée. En espérant pouvoir retrouver toutes ces émotions en live. Bonne année à tous !