L’aménagement du territoire est l’instrument d’une démocratie moderne. L’aménagement du territoire lui offre le champ d’action et la possibilité de son épanouissement. Ce n’est pas la politique d’un groupe, d’un gouvernement ou d’un régime. C’est une œuvre permanente qui déborde les soucis immédiats. C’est la croisade de tous les Français pour la conquête et la construction de leur avenir. (Philippe Lamour)
Dans sa définition traditionnelle, l’art est conçu comme une inspiration désintéressée. Cependant nous sommes aujourd’hui loin d’imaginer l’artiste isolé dans sa tour d’ivoire. Au contraire, toute création artistique se place désormais dans un contexte de partage. Les différents acteurs qui évoluent dans de le domaine de la culture sont nécessaires au développent et à la diffusion artistique. L’industrie culturelle, loin d’être autocentrée, participe à l’émergence de toute création, mais également à la mise en valeur d’un territoire, dans la mesure où celui-ci représente un potentiel à exploiter. Tandis que les artistes profitent des équipements et des ressources que leur sont offerts par les villes et les régions, celles-ci bénéficient d’une attractivité accrue lorsqu’elles sont en mesure de proposer un programme divers et varié – musique, théâtre, expositions. La politique culturelle d’une ville ou d’une région doit donc répondre à cet enjeu double, qui, dans l’idéal, se manifeste par le déploiement de moyens supplémentaires dans une volonté à la fois de développer le vivier local afin de mettre en valeur les talents intrinsèques à la région et de permettre à la population de découvrir de nouvelles formes d’art.
La culture est plurielle, tant dans ses formes, ses styles que dans ses acteurs, qu’ils soient actifs ou passifs. Il faut donc que toute l’étendue de la culture soit représentée afin d’agréer le plus grand nombre, dans une volonté de vivre-ensemble. Le complexe U1 à Château Thierry, qui regroupe salle de concert (La Biscuiterie), studios d’enregistrements et de répétitions (U1 Stud), salle d’exposition (Le Silo), théâtre (L’Atalante) et autres cours de danse ou de musique, met en œuvre cette conception pluridisciplinaire de l’art et de la culture. Ainsi, outre les riverains, on peut bien évidemment s’employer à réunir pour un évènement particulier, des habitants des communes ou des départements aux alentours. Le complexe U1 parvient à mobiliser un grand nombre de passionnés grâce à sa programmation variée. Les articles de presse, comme récemment dans le journal l’Union, témoignent de cette réussite et offrent aux collectifs ainsi qu’à la ville une vitrine tout à fait salutaire.
Ces équipements sont par ailleurs des lieux de création qui attirent les artistes confirmés et en devenir, ainsi que des bénévoles, parmi lesquels se trouvent de nombreux jeunes. Dans un désir d’intégration et de cohésion sociale, ces lieux symbolisent un espace privilégié de liberté d’expression et d’auto-affirmation qui engendre un sentiment de solidarité et de reconnaissance dans une dynamique positive, qui est celle de la création. Dans ce microcosme qu’est la culture se retrouve en définitive le macrocosme territorial, une multitude de sensibilités, d’origines et de cultures différentes, qui sont un apport considérable à la société.
Enfin, les équipements tels que les salles de concerts ou les théâtres sont bien plus qu’un simple levier pour le tourisme ou la consommation culturelle, puisqu’ils emploient, directement ou indirectement, de nombreuses personnes sur le territoire. Il y a bien évidemment des emplois fixes, mais il faut aussi prendre en compte les associations organisatrices d’évènements, qui à leur tour emploient des personnes tierces, musiciens ou troupes de théâtre. A cela s’ajoutent les ingénieurs son, les ingénieurs lumières, les scénographes … Enfin, les entreprises locales et les artisans sont également mis à contributions, comme ce fut par exemple le cas pour la Brasserie les 3 loups de Trélou-sur-Marne, sollicitée pour fournir les boissons à l’occasion d’un évènement récent.
La culture a donc certes dans un premier temps une valeur humaniste, puisque d’une part elle met en évidence le savoir-faire local, et d’autre part, elle fédère autour d’une passion commune, des personnes qui viennent d’horizons différents ; mais au-delà, il ne faut pas négliger son impact économique sur toute une région, puisque l’on peut parler d’un « libéralisme culturel » qui envisage non plus la production et la diffusion de l’art dans un espace restreint, mais qui au contraire prend en compte tous les atouts d’un territoire. De l’hétérogénéité première émerge alors au final un résultat homogène, cohérent, universel.